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Informer vos salariés en cas de vente des titres de société : pour qui et pour quoi ?

Date de mise à jour : 15/12/2023 Date de vérification le : 15/12/2023 13 minutes

Si vous projetez de vendre les titres de votre société, vous devez au préalable consulter vos salariés et leur laisser un certain délai pour qu’ils puissent proposer une offre de reprise, que vous pourrez, bien sûr, accepter ou refuser d’étudier. Qui est effectivement concerné ? À qui devez-vous diffuser cette information ? Pour quelle opération ? Quel est son contenu exact ?

Rédigé par l'équipe WebLex.
Informer vos salariés en cas de vente des titres de société : pour qui et pour quoi ?

Vente des titres de société et obligation d’information : pour qui ?

Valable pour certaines sociétés... Si vous envisagez de céder les titres de votre société, vous devez préalablement à toute prise d’engagement ferme de vente informer vos collaborateurs de ce projet de cession. Même si toutes les entreprises ne sont pas nécessairement concernées, une très large majorité d’entre elles sont visées…

... qui respectent certains critères. Concrètement, vous serez concerné par cette obligation si votre société emploie moins de 250 salariés et si votre chiffre d’affaires annuel est inférieur à 50 M € ou le total de votre bilan n’excède pas 43 M €.

Le saviez-vous ?

Ces critères cumulatifs sont appréciés au niveau de la société, indépendamment de son rattachement éventuel à un groupe.


Vente des titres de société et obligation d’information : pour quoi ?

Valable pour certaines opérations. Si cette obligation d’information ne concerne que certaines sociétés, elle ne vise également que certaines opérations de vente : elle n’est en effet obligatoire qu’en cas de vente d’une participation représentant plus de 50 % des parts sociales d’un SARL ou des actions ou valeurs mobilières donnant accès à la majorité du capital d’une société par actions.

D’autres opérations y échappent ! A contrario, certaines opérations de transmission ne sont pas concernées par cette obligation d’information des salariés. Le droit à l’information des salariés ne s’applique pas aux :

  • vente d’un bloc minoritaire à un autre actionnaire ;

  • donations, échanges, apports ;

  • transmission réalisée dans le cadre d’une succession, d’une liquidation du régime matrimonial ;

  • vente au conjoint, à un ascendant ou descendant ;

  • augmentation de capital en numéraire ;

  • entreprises faisant l’objet d’une procédure de conciliation, de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaires.

À noter. Les ventes réalisées à l’intérieur d’un même groupe (on parle de « cessions intra-groupe », que ce soit de filiale à filiale ou entre société filiale et société mère) sont soumises à cette obligation, pour autant qu’elles portent sur un seul bloc majoritaire. A contrario, la vente progressive de blocs minoritaires, notamment par l’exercice d’options d’achat ou de vente, n’est pas soumise à ce dispositif d’information du salarié.

Le saviez-vous ?

Pour les franchises, la procédure d’information des salariés est également obligatoire en cas de vente, alors même qu’un droit d’agrément, de préférence ou de préemption existe sur le bien ou le droit cédé.

Attention ! Il faut distinguer cette obligation d’information préalable des salariés en cas de cession d’entreprise de celle prévue pour les entreprises d’au moins 1000 salariés qui doivent informer le comité social et économique et rechercher un repreneur potentiel quand elles envisagent de fermer un établissement ayant pour conséquence un licenciement collectif pour motif économique.

Une information triennale. Les salariés des PME de moins de 250 salariés doivent être informés tous les 3 ans sur les possibilités de reprises de l’entreprise (information portant sur les conditions juridiques de la reprise, ses avantages et ses inconvénients). Cette information doit également porter sur les orientations générales de l'entreprise relatives à la détention de son capital, notamment sur le contexte et les conditions d'une vente de celle-ci et, le cas échéant, sur le contexte et les conditions d'un changement capitalistique substantiel.

À noter. Cette information peut être dispensée par écrit ou oralement lors d’une réunion à laquelle les salariés doivent avoir été convoqués par tout moyen leur permettant d'en avoir connaissance. Notez que cette information peut utilement être dispensée par l’indication d’un site Internet comportant ces informations.

Le saviez-vous ?

Le cas échéant, si au cours des 12 mois qui précèdent la vente, celle-ci a déjà fait l'objet d'une information auprès des salariés dans le cadre de l’information triennale, aucune information supplémentaire ne sera nécessaire.


Vente des titres de société et obligation d’information : pourquoi ?

Quelle information faut-il donner ? Vous n’avez une obligation d’information vis-à-vis de vos salariés qu’à propos de votre volonté de procéder à une vente et du fait que vos salariés peuvent présenter une offre d’achat (avec la possibilité de se faire assister par une personne de leur choix). Retenez que la loi n’impose la transmission d’aucune autre information et d’aucun document relatif au fonctionnement, à la comptabilité ou à la stratégie de l’entreprise ; il en sera de même des noms des éventuels repreneurs ou du calendrier prévu pour la reprise que vous n’avez pas à communiquer aux salariés.

Par qui ? L’information est donnée par le propriétaire au dirigeant, ce dernier informant les salariés. Si le propriétaire est lui-même dirigeant, il informe directement les salariés ou, le cas échéant, le comité social et économique.

Pour qui ? L’information doit être faite auprès des « salariés », c'est-à-dire toute personne qui exécute un travail à temps plein ou à temps partiel, aux termes d’un contrat de travail et soumis à un lien de subordination, pour le compte d’un employeur en échange d’un salaire ou d’une rétribution équivalente. Voilà pourquoi :

  • les salariés en congé maladie ou en congé maternité doivent être informés ;

  • les apprentis, qui sont également des salariés, doivent être informés (même s’ils ne sont pas comptabilisés pour le calcul de l’effectif de l’entreprise) ;

  • en revanche, ne doivent pas être informés les intérimaires, les personnes travaillant dans l’entreprise dans le cadre d’un stage conventionné ou les demandeurs d’emploi participant à des actions d’évaluation en milieu de travail, sous forme de stage, prescrites par Pôle emploi.

Un accompagnement possible. Afin de permettre au salarié de mieux se positionner pour une éventuelle offre de reprise, il peut se faire accompagner. Cette assistance n’est pas obligatoire et peut être sollicitée par un ou plusieurs salariés individuellement ou par plusieurs salariés collectivement. Il peut ainsi se faire accompagner par un représentant de la chambre de commerce, un avocat, un expert-comptable, un notaire, un banquier ou toute autre personne librement choisie. Si le salarié choisit d’être assisté, il doit vous en informer dans les meilleurs délais et par tous moyens.

À noter. Cette assistance peut s’inscrire dans le cadre du financement de la formation professionnelle.

Le saviez-vous ?

À l’instar des membres du comité social et économique, les salariés informés de ce projet de vente sont soumis à une obligation de discrétion et à défaut commettraient une faute justifiant une sanction disciplinaire, pouvant aller jusqu’au licenciement, voir des poursuites pénales.

Cette obligation de discrétion s’impose également aux personnes accompagnant les salariés, à propos des informations qu’elles reçoivent.

Pour information. Alors que l’absence, le retard ou l’information incomplète pouvait justifier une saisine des tribunaux, par les salariés, en vue d’obtenir la nullité de la vente, cette sanction a été annulée par le Conseil Constitutionnel le 17 juillet 2015. Mais vous n’échappez toutefois pas à toute sanction puisque vous risquez tout de même une amende d’un montant maximum égal à 2 % du prix de vente en cas de manquement à votre obligation d’information.

À retenir

Cette obligation d’information ne vise que les ventes de participation représentant plus de 50 % des parts d’une SARL ou des actions donnant accès à la majorité du capital d’une société par actions.

Attention : en cas de manquement à cette obligation, vous risquez une amende égale à 2 % du prix de vente !

J'ai entendu dire

J’ai entendu dire que les entreprises employant exclusivement des salariés en contrat à durée déterminée (CDD) n’étaient pas concernées par cette obligation. Est-ce vrai ?

Non. Bénéficie de ce droit à l’information toute personne qui exécute un travail à temps plein ou à temps partiel, aux termes d’un contrat de travail et soumis à un lien de subordination pour le compte d’un employeur en échange d’un salaire. Les collaborateurs employés en CDD doivent également être informés, au même titre que les autres salariés.
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