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Promoteur, lotisseur : n’oubliez pas votre obligation de vigilance !

Date de mise à jour : 02/06/2022 Date de vérification le : 27/10/2023 12 minutes

Promoteur-constructeur d’un futur lotissement, vous envisagez d’engager des entreprises afin de mener l’opération à bien. L’engagement de ces entreprises vous conduit à devoir respecter certaines obligations, notamment de « vigilance » et de « diligence » en tant que maître d’ouvrage. Que recouvrent ces obligations ?

Rédigé par l'équipe WebLex.
Promoteur, lotisseur : n’oubliez pas votre obligation de vigilance !


Maître d’ouvrage : une obligation de vigilance

Un objectif. Dans le cadre de la lutte contre le travail dissimulé, la réglementation impose aux maîtres d’ouvrage d’échanger un certain nombre d’informations pour s’assurer que les entreprises engagées intervenant sur le chantier sont effectivement en règle avec leurs obligations administratives, notamment en matière sociale. À défaut, vous risquez des sanctions…

Quelle obligation ? Vous devez vous assurer que l’entreprise s’acquitte de l’ensemble de ses obligations déclaratives et de paiement en matière de cotisations sociales. Concrètement, cette « vigilance » suppose de s’assurer qu’elle ne se rend pas coupable de travail dissimulé.

Quelles sanctions ? Si vous ne procédez pas à cette vérification, vous courrez le risque d’être solidairement condamné au paiement des impôts, taxes et cotisations sociales de votre cocontractant si ce dernier est reconnu coupable de travail dissimulé, voire même des rémunérations et autres charges. Vous courrez également le risque de voir annulées les éventuelles exonérations et réductions de cotisations sociales dont vous pouvez bénéficier (pour toute la période durant laquelle le délit de travail dissimulé de votre cocontractant aura été constaté).

Le saviez-vous ?

Cette obligation s’applique à tout contrat conclu par un donneur d’ordre en vue de l’exécution d’un travail, de la fourniture d’une prestation de services ou de l’accomplissement d’un acte de commerce lorsque le contrat a une valeur de 5 000 € HT.

En pratique. Vous devez obtenir de l’entreprise engagée un document attestant qu’elle est effectivement immatriculée auprès des organismes sociaux (un extrait K-bis ou la carte professionnelle). Vous devez, en outre, lui réclamer une « attestation de vigilance », délivrée par l’Urssaf, contenant les informations suivantes :

  • l’identification de l’entreprise (dénomination sociale, adresse du siège social) ;
  • les déclarations sociales et le paiement des cotisations et contributions sociales ;
  • le nombre de salariés ;
  • le total des rémunérations déclarées par le sous-traitant sur le dernier bordereau récapitulatif des cotisations.

Attention. Vous avez l’obligation d’exiger de l’entreprise engagée qu’elle vous remette cette attestation lors de la signature du contrat, puis tous les 6 mois jusqu’à la fin de l’exécution du contrat.

Une obligation très large ! Vous devez également vérifier qu’elle est authentique. Il est possible de le vérifier directement sur le site Internet de l’Urssaf en saisissant un code de sécurité mentionné sur le document dans la rubrique « vérification d’attestation ». Vous devez également vérifier que l’entreprise engagée sera capable de réaliser les travaux qui lui seront confiés. En cas de doute, demandez à l’entreprise quels sont les moyens qu’elle compte mettre en œuvre pour accomplir les travaux demandés (intention d’embauche, intérim, etc.).

Conseil. Compte tenu des risques encourus, ne poursuivez pas de relations contractuelles avec une entreprise qui refuse de vous remettre une attestation de vigilance ou qui vous remet une attestation dont l’authenticité fait défaut.

Le saviez-vous ?

Cette obligation de vigilance s’impose aussi à l’égard des entreprises étrangères : le cas échant, votre cocontractant doit vous fournir son numéro de TVA intracommunautaire et un document attestant de la régularité de sa situation au regard de la réglementation sociale européenne et de celle applicable dans son pays. Par ailleurs, vous devrez vérifier, le cas échéant, que l'employeur s'est acquitté du paiement des amendes administratives prononcées par l’administration française.


Maître d’ouvrage : une obligation de diligence

Concrètement. Cela signifie que vous devez vous assurer que les salariés employés par l’entreprise sont effectivement déclarés et rémunérés conformément aux règles sociales en vigueur et que l’entreprise respecte les obligations qui s’imposent à elle en matière sociale. Vous devez également être vigilant, le cas échéant, sur les conditions d’hébergement des travailleurs qui ne doivent pas être indignes.

En cas de contrôle. Si, à la suite d’un contrôle, vous êtes informé que votre cocontractant ne respecte pas certaines réglementations en matière sociale ou les règles liées au respect du salaire minimum, vous devez l’enjoindre de régulariser sa situation (faites-le par écrit pour conserver une preuve de votre action). Ce dernier est alors tenu de vous informer par écrit des mesures prises pour faire cesser cette situation (vous devez envoyer une copie de sa réponse à l’administration). À défaut de réponse dans un délai de 15 jours (7 jours pour les infractions en matière de rémunération), vous devez informer l’administration de ce défaut de réponse dans les 2 jours suivant l'expiration du délai de 15 jours.

Attention. Si vous ne faites pas le nécessaire, vous serez, le cas échéant :

  • sanctionné par une amende de 1 500 € (3 000 € en cas de récidive) ;
  • solidairement tenu au paiement des rémunérations et indemnités dues à chaque salarié et des cotisations sociales correspondantes.

Pour information. Les réglementations visées par cette obligation sont les suivantes :

  • libertés individuelles et collectives dans la relation de travail ;
  • discriminations et égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;
  • protection de la maternité, congés de maternité et de paternité et d’accueil de l’enfant, congés pour évènements familiaux ;
  • conditions de mise à disposition et garanties dues aux salariés par les entreprises exerçant une activité temporaire ;
  • exercice du droit de grève ;
  • durée du travail, repos compensateurs, jours fériés, congés annuels payés, durée du travail et travail de nuit des jeunes travailleurs ;
  • conditions d’assujettissement aux caisses de congés et intempéries ;
  • salaire minimum et paiement du salaire, y compris les majorations pour les heures supplémentaires ;
  • règles relatives à la santé et sécurité au travail, âge d’admission au travail, emploi des enfants.

Une obligation d’affichage. Dans le secteur du BTP, vous devez afficher sur le lieu de travail les informations concernant ces règlementations mais aussi celles en matière d'hébergement, de prévention des chutes de hauteur, d'équipements individuels obligatoires et d'existence d'un droit de retrait. Cet affichage précise également les modalités selon lesquelles le salarié peut faire valoir ses droits. L’affichage doit être accessible dans le vestiaire, toujours lisible et traduit dans l’une des langues officielles parlées dans chaque Etat d’appartenance des salariés détachés.

À retenir

Non seulement vous devez vous assurer que l’entreprise engagée est à jour de ses déclarations sociales et de ses paiements de cotisations sociales (obligation de vigilance), mais vous devez aussi, si vous êtes informé par l’administration qu’elle ne respecte pas ses obligations sociales, l’enjoindre de faire cesser cette situation (obligation de diligence). Dans les 2 cas, vous serez sanctionné si vous ne respectez pas ces obligations.
 

J'ai entendu dire

Question : Nous avons reçu une lettre d’observations de l’Urssaf recherchant la solidarité financière de mon entreprise, en raison d’un défaut de vigilance. Cependant, la lettre ne mentionne qu’un montant global de cotisations dues. Peut-on contester la mise en œuvre de cette solidarité financière ?

Oui : la lettre d’observations doit préciser, année par année, le montant des sommes dues. Le juge considère que cela permet d’assurer le caractère contradictoire du contrôle et la garantie des droits de la défense à l’égard du donneur d’ordre dont la solidarité financière est recherchée.
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