Le compte professionnel de prévention : quelle utilisation ?

Compte professionnel de prévention : une utilisation sous conditions
Acquérir des « points ». Pour les salariés nés à compter du 30 juin 1956, l’exposition à un facteur de risque aura pour conséquence de créditer le compte de vos salariés de 4 points par an. Ce crédit sera porté à 8 points en cas d’exposition à plusieurs facteurs de risques.
Le saviez-vous ?
Les salariés dont le contrat débute ou s’achève en cours d’année acquièrent 1 point par période d’exposition de 3 mois à un facteur de risque professionnel, 2 points en cas de poly-exposition.
Les utiliser… Votre salarié pourra utiliser les points inscrits à son compte pour les actions suivantes :
- Financer une formation : 1 point = 375 €
Votre salarié pourra financer une formation permettant d’accéder à un poste moins pénible dans le cadre d’un abondement du compte personnel de formation. Un point débité sur son compte correspond à 375 € de formation (précisons que les 20 premiers points du compte pénibilité sont réservés à la formation). C'est la Caisse des dépôts et consignations qui avance les frais de formation liés à la mobilisation du C2P.
- Mi-temps pendant 3 mois = 10 points
Votre salarié pourra également utiliser ces points inscrits sur son compte dans le cadre d’une demande de passage à temps partiel sans perte de salaire : dans la limite de 20% a minima et 80% au maximum, votre salarié a la possibilité de bénéficier d’une réduction de son temps de travail avec maintien du salaire, considérant que 10 points au titre du compte ouvrent droit à une réduction à mi-temps de ce temps de travail pendant un trimestre complet. Là encore, l’entreprise maintient le salaire et obtient par la suite un remboursement par la caisse de retraite (pensez à transmettre au moins 1 mois avant la mise en œuvre du temps partiel l’avenant du contrat de travail et une copie des 3 derniers bulletins de salaire du salarié).
- Un trimestre de départ anticipé à la retraite = 10 points
Votre salarié pourra enfin demander à bénéficier d’un départ anticipé à la retraite : 10 points ouvriront droit à un trimestre de majoration de durée d’assurance vieillesse, le salarié étant limité à huit trimestres, soit deux ans maximum d’anticipation (notez que seuls les salariés d’au moins 55 ans peuvent bénéficier de cette option).
A noter. C’est au salarié de demander l’utilisation des points affectés à son compte personnel.
Le saviez-vous ?
Ces différentes options laissées au choix du salarié peuvent être combinées. La demande d’utilisation des points est faite en ligne par le titulaire du compte sur un site dédié à cet effet (elle pourra aussi être adressée à la caisse chargée de la liquidation des pensions de retraite dont il dépend). Le salarié pourra, à cet égard, accéder en ligne à un relevé de points lui permettant de connaître le nombre de points disponibles pour les utilisations souhaitées et d’en éditer un justificatif.
Pour les salariés âgés. Tout d’abord, pour vos salariés nés avant le 1er juillet 1956, les points acquis seront doublés. Ensuite, pour vos salariés nés avant le 1er janvier 1960, la réserve de points pour la formation ne sera pas applicable. Enfin, pour vos salariés nés entre le 1er janvier 1960 et le 31 décembre 1962 inclus, seuls les 10 premiers points seront réservés pour la formation.
Départ à la retraite pour incapacité permanente ? Lorsqu’un salarié justifie d’une incapacité permanente d’au moins 20 %, occasionnée par une maladie professionnelle ou un accident de travail, il peut partir en retraite anticipée. Toutefois, si cette incapacité résulte d’une maladie professionnelle consécutive à l’exposition à un ou plusieurs facteurs de risques, le départ en retraite anticipé n’est pas possible.
Départ retraite anticipée pour carrières longues. Le C2P est complémentaire à ce dispositif de retraite anticipée pour carrières longues, étant précisé que si le salarié bénéficie d’avantages liés à plusieurs dispositifs, il ne pourra pas, pour autant, partir à la retraite plus de 2 ans avant l’âge légal.
Compte professionnel de prévention : la question du financement
Depuis le 1er janvier 2018… Les cotisations de base et additionnelles ont été supprimées pour les employeurs.
Pour les entreprises d’au moins 50 salariés. Depuis le 1er janvier 2019, les entreprises d’au moins 50 salariés, ainsi que celles qui appartiennent à un groupe (à l’exception des entreprises ou groupes qui réunissent au moins 300 salariés et qui sont déjà couvert par un accord de branche) doivent négocier en faveur de la prévention des effets de l’exposition aux facteurs de risques si au moins 25 % de leurs salariés sont exposés à l’un des facteurs de risque ou si leur taux de sinistralité au titre des accidents du travail ou maladies professionnelles est au moins de 0,25 %.
Précisions. Cet accord sera conclu pour une durée maximale de 3 ans. Si aucun accord n’est possible, l’employeur devra établir un procès-verbal de désaccord et élaborer lui-même un plan d’action, relatif à la prévention des effets de l’exposition aux facteurs de risques professionnels, après avis du comité social et économique (CSE). L’accord ou le plan d’action doit être déposé à la DREETS. Le manquement à ces obligations sera passible d’une pénalité (recouvrée par l’Urssaf) qui ne peut pas excéder 1% des rémunérations versées pendant la période où l’entreprise devrait être couverte par un accord ou un plan d’action.
Contenu de l’accord. L’accord devra reposer sur un diagnostic préalable des expositions aux facteurs de risques professionnels. Il devra :
- prévoir les mesures de prévention qui découlent de ce diagnostic ;
- prévoir les modalités de suivi de leur mise en œuvre effective ;
- contenir des objectifs chiffrés dont la réalisation est mesurée au moyen d’indicateurs (communiqués au moins annuellement au comité social et économique) ;
- traiter d’au moins 2 des thèmes parmi les suivants :
- ○ la réduction des expositions à plusieurs facteurs de risques professionnels (polyexpositions),
- ○ l'adaptation et l'aménagement du poste de travail,
- ○ la réduction des expositions aux facteurs de risques professionnels ;
- traiter d’au moins 2 des thèmes parmi les suivants (et préciser les mesures de nature à permettre aux salariés concernés de bénéficier des points inscrits au compte professionnel de prévention) :
- ○ l'amélioration des conditions de travail, notamment au plan organisationnel,
- ○ le développement des compétences et des qualifications,
- ○ l'aménagement des fins de carrière,
- ○ le maintien en activité des salariés exposés aux facteurs de risques professionnels.
A retenir
Le compte de prévention permet aux salariés bénéficiaires de cumuler des points pour accéder à des formations en vue d’occuper un poste moins pénible, bénéficier d’un temps partiel sans perte de salaire ou partir à la retraite de manière anticipée.
Pensez à évaluer périodiquement et déclarer annuellement les expositions de vos salariés concernés par les facteurs de risques professionnels !
- Articles L 4161-1 à L 4163-22 du Code du travail
- Articles D4162-1 0 D4162-3 du Code du travail
- Article R162-4 du Code du travail
- Loi n° 2014-40 du 20 janvier 2014 garantissant l'avenir et la justice du système de retraites
- Loi n° 2015-994 du 17 août 2015 relative au dialogue social et à l'emploi (articles 28 à 31)
- Ordonnance n° 2017-1389 du 22 septembre 2017 relative à la prévention et à la prise en compte des effets de l'exposition à certains facteurs de risques professionnels et au compte professionnel de prévention
- Décret n° 2014-1155 du 9 octobre 2014 relatif à la gestion du compte personnel de prévention de la pénibilité, aux modalités de contrôle et de traitement des réclamations
- Décret n° 2014-1156 du 9 octobre 2014 relatif à l'acquisition et à l'utilisation des points acquis au titre du compte personnel de prévention de la pénibilité
- Décret n° 2014-1157 du 9 octobre 2014 relatif au fonds de financement des droits liés au compte personnel de prévention de la pénibilité
- Décret n° 2014-1158 du 9 octobre 2014 relatif au document unique d'évaluation des risques et aux accords en faveur de la prévention de la pénibilité
- Décret n° 2014-1159 du 9 octobre 2014 relatif à l'exposition des travailleurs à certains facteurs de risque professionnel au-delà de certains seuils de pénibilité et à sa traçabilité
- Décret n° 2015-259 du 4 mars 2015 relatif à la fiche de prévention des expositions des salariés temporaires
- Décret n° 2015-1888 du 30 décembre 2015 relatif à la simplification du compte personnel de prévention de la pénibilité et à la modification de certains facteurs et seuils de pénibilité
- Décret n° 2015-1885 du 30 décembre 2015 relatif à la simplification du compte personnel de prévention de la pénibilité
- Décret n° 2016-953 du 11 juillet 2016 fixant le taux de la cotisation additionnelle due au titre du financement du compte personnel de prévention de la pénibilité
- Décret n° 2016-1102 du 11 août 2016 autorisant la création d'un traitement de données à caractère personnel dénommé « compte personnel de prévention de la pénibilité »
- Décret n° 2017-1462 du 10 octobre 2017 portant report du délai de rectification de la déclaration des facteurs de risques professionnels au titre de l'année 2016
- Décret n° 2017-1768 du 27 décembre 2017 relatif à la prévention et à la prise en compte des effets de l’exposition à certains facteurs de risques professionnels et au compte professionnel de prévention
- Décret n° 2017-1769 du 27 décembre 2017 relatif à la prévention et à la prise en compte des effets de l’exposition à certains facteurs de risques professionnels et au compte professionnel de prévention
- Décret n° 2018-1256 du 27 décembre 2018 relatif à l'utilisation en droits à formation professionnelle des points acquis au titre du compte professionnel de prévention et au droit à formation professionnelle de certaines victimes d'accidents du travail ou de maladies professionnelles
- Instruction DGT-DSS n°1 du 13 mars 2015 relative à la mise en place du compte personnel de prévention de la pénibilité en 2015
- Instruction DGT/DSS/SAFSL/2016/178 du 20 juin 2016 relative à la mise en place du compte personnel de prévention de la pénibilité