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Calcul de votre impôt sur le revenu : faut-il opter pour les frais réels ?

Date de mise à jour : 17/04/2024 Date de vérification le : 17/04/2024 22 minutes

Dirigeant de société, vous percevez, à ce titre, une rémunération. Pour le calcul de votre impôt, et plus spécialement en ce qui concerne l’imposition de cette rémunération, vous disposez d’un choix pour tenir compte des frais professionnels : soit vous appliquez la déduction forfaitaire de 10 %, soit vous optez pour la déduction des frais réels. Quel est l’intérêt de cette option ? À quoi devez-vous faire attention dans le cadre de cette option ?

Rédigé par l'équipe WebLex.
Calcul de votre impôt sur le revenu : faut-il opter pour les frais réels ?

Choisir la déduction forfaitaire de 10 %

Un choix vous est offert. Pour calculer le montant des rémunérations imposables, et donc soumises à l’impôt sur le revenu, vous pouvez déduire vos frais professionnels. Comme nous l’indiquons en préambule, vous disposez d’un choix : soit une déduction forfaitaire de 10 % est appliquée sur le montant de vos rémunérations, soit vous choisissez de déduire les frais réels.

Ne rien faire ? À défaut d’option, la déduction forfaitaire s’applique par défaut : au mieux, vous bénéficiez d’une déduction forfaitaire égale à 10 % du montant de vos rémunérations, cette déduction étant toutefois plafonnée à 14 171 € (seuil applicable pour l’imposition de vos revenus perçus en 2023 à déclarer en 2024).


Opter pour la déduction des frais réels

Une option possible. Si vous estimez que l’application de la déduction forfaitaire de 10 % n’est pas avantageuse, compte tenu du montant des frais professionnels que vous avez réellement engagés, vous pouvez opter pour la déduction de ces frais réels.

Sous conditions… Il faut rappeler, au préalable, que la déduction des frais réels engagés dans le cadre de l’exercice d’une activité professionnelle suppose vous retiriez un revenu de cette activité. Si ce n’est pas le cas, vous ne pourrez pas prendre en compte des frais réels professionnels pour les déduire de vos revenus. C’est ce qui a été jugé à propos d’un gérant non rétribué par sa société qui s’est vu refuser la déduction des frais de déplacement au titre des frais réels.

Attention. Si vous exercez cette option, vous devrez intégrer dans votre rémunération soumise à l’impôt le montant des remboursements de frais professionnels et autres allocations pour frais octroyés par l’entreprise.

Quels frais prendre en compte ? Tous les frais que vous êtes susceptible d’engager à l’occasion de l’exercice de votre activité professionnelle peuvent être pris en compte : cela suppose donc que ces dépenses soient inhérentes à votre fonction, engagées en vue de l'acquisition ou de la conservation du revenu, effectivement supportées par vous et payées au cours de l'année d'imposition. Les dépenses d’ordre privé ou qui résultent de simples convenances personnelles ne peuvent, inversement pas être retenues.

Exemple des frais professionnels. À titre d’exemple le plus couramment rencontré figurent les frais supplémentaires que vous engagez dans le cadre de votre activité. Sont ainsi pris en compte les frais de transport et d’utilisation du véhicule personnel, les frais d’hébergement, les frais de nourriture, etc. (pensez à inclure dans votre rémunération imposable, dans cette hypothèse, les éventuels remboursements de frais par l’entreprise).

Exemple des frais de déplacement domicile – lieu de travail. Les frais de déplacement entre le domicile et le lieu de travail peuvent aussi être retenus : ces frais sont intégralement déductibles dans la limite de 40 km, sur justificatifs (au-delà, il faut être en mesure de justifier de circonstances particulières qui expliquent l’éloignement du domicile pour déduire l’intégralité des frais de transport).

Le saviez-vous ?

Vous pouvez déduire de vos rémunérations, sur justificatifs, au titre des frais professionnels réels, les intérêts d'emprunt et autres frais (frais de dossiers, cotisations d'assurance...) liés à l’achat des titres de votre société, dans laquelle vous exercez votre activité professionnelle principale. Les intérêts admis en déduction sont ceux qui correspondent à la part de l'emprunt dont le montant est proportionné à la rémunération annuelle perçue ou escomptée au moment où l'emprunt est contracté. En pratique, sont admis en déduction les intérêts dus à raison de la fraction de l'emprunt qui n'excède pas le triple de cette rémunération allouée ou escomptée à la date de souscription.

Attention : la fraction des versements effectués au titre des souscriptions de titres donnant lieu aux réductions d'impôt sur le revenu ou d'ISF (supprimée depuis le 1er janvier 2018) pour souscription au capital de PME ne peut donner lieu à aucune déduction des intérêts d'emprunt. Il en est de même pour les souscriptions et acquisitions de titres figurant dans un plan d'épargne en actions ou dans un plan d'épargne salariale.

Exemple des frais de double résidence. Il peut arriver que vous soyez contraint de louer ou d’acheter un appartement ou une maison, parce qu’il vous est difficile de maintenir une seule résidence du fait de l’éloignement de votre lieu de travail. Sous réserve d’être en mesure de justifier de la nécessité de cette double résidence pour des raisons professionnelles, vous pourrez par exemple déduire :

  • les loyers supplémentaires ;
  • les éventuels intérêts d’emprunt en cas d’achat de la seconde résidence ;
  • les frais annexes liés à la seconde résidence (électricité, chauffage, eau, etc.) ;
  • les dépenses supplémentaires de repas ;
  • les frais supplémentaires de transport (à raison d’un aller et retour par semaine pour rejoindre le domicile familial).

Cas particulier de l’abonnement à Internet. Les frais de souscription à une offre internet pour cette 2e résidence qui constituent, en principe, une dépense personnelle, ne sont pas déductibles, sauf à ce que cette offre soit destinée à un usage professionnel.

Comment évaluer ces frais ? Par définition, vous devez tenir compte des dépenses pour leur montant effectivement payé au cours de l’année concernée. Vous ne pouvez pas procéder à une simple évaluation forfaitaire, sans rapport avec la dépense engagée.

Conservez vos justificatifs ! D’une manière générale, n’oubliez pas que, pour être admises en déduction, les dépenses retenues doivent être effectivement justifiées.

Le saviez-vous ?

Pour que les frais engagés à ce titre aient le caractère de frais professionnels, et soient donc déductibles au titre des frais réels, la double résidence doit être justifiée par des circonstances particulières, telle que l'impossibilité de maintenir une seule résidence compte tenu du lieu d'exercice de l'activité professionnelle de chacun des époux, partenaires d’un PACS ou concubins notoires.

La prise en compte de ces frais de double résidence suppose donc que l’éloignement du domicile par rapport au lieu de travail ne résulte pas d’une simple convenance personnelle, auquel cas les frais de double résidence ne seront pas pris en compte.

Tel est le cas lorsqu’un des conjoints n’exerce aucune activité professionnelle et qu’aucune circonstance particulière ne vient justifier l’éloignement du domicile par rapport au travail exercé par l’autre conjoint.

Exemple du mobilier et du matériel. Les dépenses de mobilier, de matériel et d'outillage en rapport direct avec la profession peuvent être déduites du revenu imposable. Pour l’administration, le montant que vous pouvez retenir doit se limiter à la dépréciation constatée au cours de l'année : concrètement, il s‘agit de retenir comme montant la différence entre la valeur réelle du bien au premier et dernier jour de l'année concernée. Toutefois, par mesure de simplification, l’administration fiscale admet que vous puissiez déduire le prix d’achat du matériel dont la valeur n'excède pas 500 € hors taxes. Et lorsque cette valeur est supérieure, il est admis de déduire une somme égale à une annuité d'amortissement calculée selon le mode linéaire.

Exemple de l’informatique. Ces règles ont aussi vocation à s'appliquer au matériel informatique, pour autant qu’il soit effectivement utilisé dans le cadre et pour les besoins de votre activité professionnelle. Concrètement, si vous achetez un ordinateur utilisé à titre professionnel, vous pourrez déduire :

  • soit son prix total s’il n’excède pas 500 € hors taxes (600 € TTC) ;
  • soit 1/3 de sa valeur pendant 3 ans si son prix excède 500 € HT.

Le saviez-vous ?

Bien entendu, n’oubliez pas qu'en cas d'utilisation professionnelle et personnelle, la déduction est réduite à proportion de l'utilisation privée (aucune évaluation forfaitaire de cette proportion n’est admise sur le plan fiscal).

Exemple des vêtements. Seuls les frais liés à l’achat et l’entretien de vêtements spéciaux et spécifiques à la profession exercée sont déductibles au titre des frais réels (bleus de travail, chaussures de sécurité, etc.). En revanche, si vous n’êtes pas tenu par votre profession au port de vêtements spéciaux et si vous portez des vêtements d’un usage courant, vous ne pouvez pas déduire de dépenses à ce titre.

Exemple des cotisations syndicales. Les cotisations syndicales peuvent être déduites au titre des frais professionnels. Notez que si vous préférez opter pour le forfait à 10 %, ces cotisations vous ouvriront droit à un crédit d’impôt.

Exemple des cotisations ordinales. Les cotisations ordinales s’assimilent à des frais professionnels. Pour rappel, les cotisations ordinales sont des cotisations obligatoires qui sont versées annuellement par un professionnel (sage-femme, infirmier, pharmacien, etc.) à son ordre professionnel, lui permettant ainsi d’exercer son métier.

Une distinction à faire. Si ces cotisations ne permettent pas de bénéficier d’un crédit d’impôt, elles n’en sont pas moins prises en compte pour la détermination de l’impôt dû par le professionnel. Dès lors, il convient d’opérer une distinction :

  • pour les professionnels salariés, les cotisations ordinales constituent des frais professionnels déductibles de l’impôt sur le revenu, soit sous couvert de la déduction forfaitaire de 10 %, soit, sur option, au titre des frais réels ;
  • pour les professionnels libéraux, les cotisations ordinales sont directement déductibles du montant imposable de leurs recettes.

Télétravail. Il faut distinguer 2 cas :

  • les allocations versées par les employeurs pour couvrir exclusivement les frais de télétravail à domicile, hors frais courants généralement nécessités par l’exercice de la profession, sont présumées exonérées d’impôt sur le revenu, dans les limites de :
    • 2,5 € par jour ;
    • 55 € par mois ;
    • 580 € par an ;
  • pour les salariés qui optent pour la déduction des frais professionnels « au réel », les frais professionnels engagés au titre du télétravail peuvent être déduits forfaitairement, à hauteur des mêmes montants ; notez toutefois que si cela leur est plus favorable, ils peuvent toujours déduire ces frais pour leur montant exact.


Option pour les frais réels : focus sur l’évaluation des frais de voiture

Pour les frais de voiture. Pour ces frais, vous pouvez tenir compte des frais effectivement payés, au titre du carburant, du stationnement, de l’assurance, des coûts d’entretien et de réparation, etc. au prorata de l’utilisation professionnelle du véhicule.

Utilisation du barème fiscal. Mais vous pouvez aussi utiliser le barème fiscal qui établit forfaitairement un coût d’utilisation du véhicule au kilomètre, ce barème tenant compte de la dépréciation du véhicule, des frais de réparation et d’entretien, des dépenses de pneumatiques, de la consommation de carburant et des primes d’assurances.

En plus du barème. Certains frais ne sont pas pris en compte par le barème kilométrique. Sous réserve des justifications nécessaires, vous pourrez les ajouter aux frais de transport évalués en fonction du barème. Il s’agit notamment :

  • des frais de garage et de parking de plus ou moins longue durée,
  • des frais de péages,
  • des intérêts d’emprunt lié à l’achat de votre véhicule, retenus au prorata de son utilisation professionnelle (attention : en cas de location du véhicule, vous ne pourrez pas déduire le montant des loyers dès lors que le barème en tient compte au titre de la dépréciation du véhicule).

Une limitation à connaître. La loi limite expressément à 7 CV la puissance des véhicules retenue pour le calcul des frais réels (ce qui pénalise les utilisateurs de véhicules plus puissants). Par ailleurs, lorsqu’il n’est pas fait application de ce barème, les frais réels déductibles (autres que les frais de péage, de garage ou de parking et d'intérêts annuels liés à l'achat du véhicule utilisé), ne peuvent excéder le montant qui serait admis en déduction en application du barème fiscal, à distance parcourue identique, pour un véhicule de la puissance administrative maximale de 7 CV ou un deux-roues à 5 CV. En d’autres termes, que vous utilisiez ou non le barème fiscal, la déduction des frais réels de voiture est plafonnée.


Covoiturage : les apports de la LFR 2022

Jusqu’à présent, dans le cas du covoiturage, seul le propriétaire du véhicule pouvait bénéficier de la déduction de ses frais au titre des frais réels. À l’inverse, le passager, qui supporte partiellement les frais du trajet, ne pouvait pas déduire au titre des frais réels le montant réglé au conducteur.

À compter de l’imposition des revenus 2022, pour encourager la pratique du covoiturage, le covoituré, c’est-à-dire le passager, peut déduire les frais de déplacement engagés dans ce cadre au titre de ses frais réels. En d’autres termes, le montant versé au conducteur au titre du partage des frais peut venir en déduction de son revenu imposable au titre de ses frais réels.

Pour mémoire, les frais pris en considération dans le cadre du covoiturage sont : 

  • les frais de dépréciation du véhicule, de réparation et d’entretien ;
  • les dépenses de pneumatiques ;
  • les frais de consommation de carburant ;
  • les primes d’assurance.

À retenir

L’option pour les frais réels présentera un intérêt dès lors que leur montant excède celui qui résulte de l’application de la déduction forfaitaire de 10 %. N’oubliez pas, toutefois, d’inclure dans votre revenu imposable le montant des frais qui vous sont remboursés par la société.
 

J'ai entendu dire

Peut-on déduire les frais de vêtements ?

En principe, comme nous le soulignons dans la fiche, seuls les frais liés à l’achat et l’entretien de vêtements spéciaux et spécifiques à la profession exercée sont déductibles au titre des frais réels. Ainsi, par exemple, sont admis en déduction les frais liés aux vêtements de travail portés par les ouvriers des différents corps de métiers (bleus de travail, souliers spéciaux, etc.). En revanche, si vous n’êtes pas tenu par votre profession au port de vêtements spéciaux et si vous portez des vêtements d’un usage courant, vous ne pouvez pas déduire de dépenses à ce titre.

Dans le cadre des frais de double résidence, est-il possible de tenir compte de la valeur locative du logement lorsqu’on en est propriétaire ?

Le juge et l’’administration ont répondu par la négative à cette question, et ce, même si la nécessité de disposer de ce logement peut être regardée comme une contrainte imposée par votre activité professionnelle.
 
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